Un week-end en Alsace

Première rencontre nationale de Dunes d’espoir dans l’Est,

les Alsaciens sauront-ils endosser l’habit du Gentil Organisateur ? Les plannings, les timings, toute sorte de « ing » se suivent depuis plusieurs jours, la pression monte, l’excitation d’y être enfin. Ce samedi 15 septembre prépare les coureurs venus de loin pour la course qui les attend le lendemain : un petit pique-nique rassasie ces pauvres âmes en peine de leur chez-elle, sous le beau soleil de Châtenois, joli petit village alsacien qui a su préserver son patrimoine médiéval. Ces Parisiens, Sudistes et autres Sudistes déguisés en Parisiens, peuvent en effet découvrir les remparts de la ville qui les entourent et les immergent immédiatement dans le thème du week-end : le Moyen-âge.

La panse pleine et la curiosité excitée, nos visiteurs prennent la route sinueuse, en bus pour cette unique fois, en direction du fameux castel. C’est notre guide-duniste du jour, Nathalie, qui présente l’édifice non sans préciser, avec fierté, son caractère exceptionnel : il s’agit de l’un des châteaux médiévaux le plus visité en France, n’en déplaise aux défendeurs de Versailles !

En guide assermentée, Nathalie organise une animation toute spéciale pour le groupe d’enfants, grossi bien vite par les adultes, tant la qualité du spectacle est au top. C’est une comédie entre deux « visiteurs », séparés de plusieurs siècles, qui s’offre à nous avec Sigfried le ménestrel d’un autre temps d’un côté, et Ryan, le sarrasin moderne de l’autre. Les joutes verbales fusent de part et d’autre, à se demander qui est le comédien et où est l’artiste. Le rire du petit Nicolas retentit sur les murs de grès rose : bravo les gars, tout le monde a bien ri tout en apprenant un tas de choses !

Après la découverte du château par voie on ne peut plus contemporaine cette fois, la vidéo, le groupe retourne vers son camp de base du week-end. Pour montrer ce que les Alsaciens savent faire, c’est autour d’un kouglopf que le groupe prend part à la présentation de l’association « handichien ». Une association locale animée par la même flamme que Dunes d’espoir : celle d’apporter un peu de bonheur et de confort aux personnes en situation de handicap. Nous restons scotchés face au travail effectué et devant le résultat probant de ces chiens labradors et golden retriever.

Il est temps à présent de faire ripaille, ça faisait longtemps, non ? En Alsace, on est plutôt light sur la restauration, alors nous servons de la tarte flambée, au munster s’il-vous-plaît, sur un concert de Lisa Doby, notre marraine. Mélange de rusticité locale et de glamour à l’américaine…

Messire Serge nous a réservé.une autre séquence « émotion ». Non, non, point de spectacle à 1000 mètres d’altitude comme ce bon Nicolas Hulot…quoique nous prenons tous un peu de hauteur lorsque Christian et Georges s’affichent ensemble avec la torche olympique des jeux de Londres ! Dunes d’espoir compte à présent deux porteurs de flamme à son actif. Et quand Serge pense à Victor, notre copain du coin, qui est allé voir les jeux handisports il y a quelques jours grâce à M. « C’est quand qu’on court ? », la buée contamine la salle…

Un concentré d’Alsace réside dans le menu tout entier, histoire de faire oublier les (quelques) efforts à consentir le lendemain : ces dunistes orientaux mettent les bouchées doubles, alors festoyons ! Flammkueche, kassler, grumbeeresalat, muensterkaas, quatschekuche : l’aubergiste nous souhaite « a gueder ! »*. Tous les dunistes refont ripaille et (pour certains) vont se coucher tôt, pour ne point avoir recours à quelque apothicaire sur la course le lendemain…

Tôt, car le réveil l’est aussi ce dimanche. Une belle journée s’annonce : petit-déjeuner gargantuesque, point de nuage dans le ciel et toute la troupe, sauf peut-être Christelle ( !), est à pied d’œuvre autour du bus qui nous mène au « joëlettes-land ». Ça grouille de partout ici, il faut se faire sa place, repérer sa joelette baptisée de circonstances. Voici la « flammkueche » dont nous allons suivre les péripéties :

Donc, nom de code : Flammkueche. Ça signifie que celle-là va vous allumer le feu, tenez-vous bien ! Capitaine à bord : Alain (de Paris, comme le champignon) L’équipe autour : Patricia, 2 Stéphanies (de Paris et d’ici), Olivier, Eric, Marc et Nicolas Et, le plus important, des passagers : Aude en premier, honneur aux dames, puis Ryad, tous deux issus des terres alentours.

Un petit échauffement avec Aude bien installée nous mène au lieu des réjouissances : le départ du THK à Kinzheim, autre village typique, accolé à Châtenois. L’effervescence est à son comble lorsque le compte à rebours retentit enfin, voilà nous sommes partis ! Flammkueche prend le départ avec trois autres charriotes dont les armoiries seront tout aussi gustatives : Bretzel, Kouglopf et Spaetzle. Laquelle de ces charriotes arrivera la première ?

Sous les applaudissements des autochtones éblouis par tant de jaune, un petit faux-plat mène les dunistes dans les vignes. La route se fait chemin bétonné, les relais vont bon train et permet au groupe de faire connaissance. D’ailleurs, c’est comme si tous se connaissaient déjà, vu la fluidité avec laquelle les poignées de la joëlette passent de l’un à l’autre. Chez les Flammkueche, on utilise tout le matériel tout de suite : les sangles de notre nouvelle joëlette sont dépliées dès le départ. Et oui, Aude est venue pour le spectacle et on va tout faire pour lui en donner ! Ça pulse déjà !

Nicolas est rebaptisé TomTom : est-il l’initiateur du tracé de cette course ? Non ! Simplement la mémoire d’éléphant du groupe depuis sa dernière participation au THK en 2011 qui lui permet de courir les yeux fermés ou presque.

Profitons bien de la belle vue sur les villages alsaciens que nous distinguons entre les vignes, car nous nous enfonçons rapidement dans la forêt, sur un chemin large. Le premier coureur nous dépasse déjà en nous encourageant, merci ! Nous entamons la partie « single track » avec Aude, une supportrice de premier ordre, s’il en est ! C’est une phase un peu chaude que nous vivons avec excitation : un chemin large comme la joëlette, une pente abrupte, des bas-côtés instables et, cerise sur le gâteau, des coureurs en mal de performance qui déboulent de partout. Ce que TomTom redoutait un peu se produit donc…Qu’à cela ne tienne, « un après l’autre » comme on dit en Alsace. Certains coupent - hou les tricheurs - d’autres attendent leur tour, qui finit par arriver dès que la joëlette se penche pour se faire toute petite. Aude se balance de droite à gauche telle un canard tandis que les jaunes, les mains sur les hanches, entament une danse tout aussi animale : la chenille jaune avance à son rythme et entrevoit bientôt les rayons du soleil.

Ça y est ! Nous voilà sortis de l’obscurité végétale pour découvrir le Hahnenberg autrement appelé « tour Eiffel », pourquoi pas … Les quatre charriotes endiablées se suivent. Un petit instant de délectation : quel panorama ! Les efforts sont largement payés. Le flux de coureurs est ininterrompu mais il en faut plus pour freiner Flammkueche qui n’y tient plus ! Elle a le feu aux fesses et repart sur le sentier, quoi qu’en dire M. Gilles dit Jean Roucas. Mais où va cette charriote Flammkueche comme ça ? Vers l’infini et Aude-là…

Dans cette descente aussi abrupte que la montée, Aude « s’envole » avec l’équipe folle-furieuse des descendeurs : il faut bien améliorer la vitesse moyenne ! Chaud devant, laissez passer Flammkueche ! Tellement rapide qu’on en perd nos coussins, ce qui permet à Bretzel voire Kouglopf, de prendre la tête de la course. Voyez-vous cela…Flammkueche n’a point dit son dernier mot…

Les pauses aux ravitaillements se font homéopathiques : il faut prestement reprendre la route avec notre TomTom Nicolas. Point le temps de se mettre astable, les marauds ! Fort bien, fort bien …

L’ambiance de la course se fait plus silencieuse : un chemin plus large, un sol agréable, des coureurs à présent loin. Chacun a trouvé sa place. Il y a le groupe de devant : Stéphanie Paris-pays basque, Nicolas, Alain, Olivier. Le groupe à l’arrière : Stéphanie Alsace, Patricia, Eric et Marc. Et tous se mélangent autour d’Aude qui savoure, le sourire aux lèvres.

Nous venons de parcourir 10 km environ et atteignons le point relais à la « cabane du pain d’épices » qui porte mal son nom : quelle déception ! Mais que découvre-t-on ici ? Un groupe d’accompagnateurs survoltés, des parents curieux de connaître le vécu de leur enfant, et des enfants qui trépignent pour entrer à leur tour dans la course. Sans oublier une table gastronomique pour les coureurs affamés ! Le pain d’épices ? Ce sera pour Noël !

Ravie et ovationnée, Aude rejoint ses parents et cède sa place à Ryad.

Les familles, accompagnants et coureurs nous y attendent et il est vrai que notre accueil ressemble plus à une pause déjeuner façon picnic qu’à une « escale technique » tant les tables et bancs sont parsemés de victuailles et boissons en tous genres ! Ne nous laissons pas aller pour autant puisque le morceau de choix de notre périple dominical débute ici même !...

Le temps de rassembler les quelques brebis « égarés » autour du « buffet campagnard » et notre « chef oui chef » lâche la meute, toute impatiente qu’elle est d’y retourner…

Nous voilà donc repartis d’un pas volontaire mais prudent afin de nous assurer une ascension régulière et efficace. Le chemin forestier s’enfonçant dans le massif du Haut-Koenigsbourg bifurque sur la droite et nous voici engagés dans un « single-track » dés plus bucolique et agréable. Le cortège poursuit inexorablement sa progression dans cette forêt dense et touffue. Ryad écarquille les yeux et n’en laisse pas une miette : moments de plaisirs silencieux partagés par tout l’équipage !

Le temps pour nous d’échanger quelques mots avec d’autres concurrents et nous voilà déjà presque au pied de l’objectif : de biens sympathiques bénévoles nous ouvrent la voie afin de nous permettre de traverser la route très empruntées en ces journées du Patrimoine. Encore un petit bout en forêt et nous voici à l’avant-dernier ravitaillement : nous ne trainons pas et sommes tous pressés de voir notre château de près !

Un dernier effort commun et nous voilà déjà récompensé en découvrant « en entrée » les ruines du château d’Oedenbourg, aussi appelé « Petit-Koenigsbourg » culmant à 743m au sommet du Staufenberg……. Virage à droite pour finir cette boucle et rejoindre au plus vite « notre » château, le vrai, le seul, le majestueux…

Quelques marches à franchir en portant la Joëlette et nous voilà tous bien récompensés en découvrant le superbe spectacle qui s’offre à nous : cette vue panoramique absolument splendide sur la plaine d’Alsace avec ce ciel immaculé ! Nous approchons notre vaisseau afin que Ryad puisse se délecter de ce point de vue. Le public bien présent nous encourage et nous acclame à notre passage : certains semblent tellement surpris de cette « vision » qu’ils n’ont guère le temps de réagir que nous sommes déjà repartis en direction du chemin du retour…

Début de descente délicate à contre-sens d’une véritable procession très dense de véhicules : nous avons tout juste la place pour nous faufiler et un équipier manque de peu de finir à plat ventre sur le capot d’une voiture en stationnement !... Ouf ça passe !

Notre « chef oui chef » doit s’exorbiter les yeux pour ne pas manquer notre petit sentier tellement nous devons jongler dans cette jungle de véhicules : ça y est, juste là sur la gauche, allons rejoindre Dame Nature tellement plus accueillante !

Tandis que ce joyeux équipage entame gaiement le retour dans la vallée, nous entendons l’écho d’une chorale atypique qui résonne dans les bois : ce sont les équipiers de la seconde Joëlette qui entonnent de façon tonitruante le répertoire musical endiablé des Dunes ! Ambiance !...

Le retour à la civilisation se passe au mieux, voir même trop bien et trop vite sur des chemins biens roulants et si agréables par cette matinée superbe. Nous croisons nombre de marcheurs et randonneurs sympathiques qui saluent tous à leur façon la caravane jaune…

Un dernier passage au ravitio histoire de papoter avec tous ces bénévoles dévoués, et c’est parti pour la dernière ligne droite : encore un bout de chemin forestier en passant à côté de la Montagne des Singes, un sentier pentu un peu plus technique et nous voici déjà de retour sur les contreforts du village de Kintzheim. En prime, cette vue magnifique sur le vignoble du piémont et un dernier coucou au château de Kintzheim : ça sent la quille !!!

Quelques foulées dans les rues du village et nous apercevons la ligne d’arrivée : la Joëlette stoppe à quelques encablures des cellules de chronométrage. Ryad descend de son vaisseau magique et franchi l’arche d’arrivée aidé et soutenu par nos « Dunettes », dans une ambiance musicale très « Rocky » et sous les applaudissements nourris du public : émotions !!!

Les 3 autres équipages ne tardent guère à nous rejoindre et tout ce petit monde est bien content de se retrouver, tous ensemble pour festoyer joyeusement l’après-course !

Une petite douche (royale) et un repas plus loin, et nous voici réunis pour la séance de remise des prix. Séquence émotions là aussi quand nos 8 protégés sont hissés sur la scène par une équipe musclée qui fait fi des normes d’accessibilités : ça sent la testostérone à plein nez !

Que dire des instants qui s’en sont suivis si ce n’est que chacun et chacune d’entre nous en gardera un souvenir unique, précieux et si personnel… La standing-ovation, ces sourires, cette joie immense, ces visages illuminés, ces yeux qui brillent de joie, cette holà improvisée, ces rires et sourires… No comment !

Une journée EXTRA-ORDINAIRE en Alsace avec toutes les antennes Dunes : « juste » MERCI !!!!!

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